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11/02/2012

Sarkozy : "retour du refoulé gaulliste"...selon les journaux

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Mais "Sarkozy gaulliste" est un oxymore :


 

Dans Libération, Raphaëlle Garrigos satirise l'entretien de Nicolas Sarkozy au Figaro Magazine : «Le coup de barre à droite, le frétillement de croupion à l'adresse du Front national: non à l'assistanat, non au mariage gay, les chômeurs c'est rien que des terroristes, et les immigrés des feignasses  - ou l'inverse -  et on va les remettre dans le droit chemin, le tout saupoudré de référendum, ce retour du refoulé gaulliste. » C'est assez bien vu, à deux détails près.

Premier détail : il n'y a pas « coup de barre » mais éléments de langage, ce qui n'est pas la même chose.

Deuxième détail (plus frappant) : la formule «  référendum, ce retour du refoulé gaulliste ». Elle ne veut rien dire. Nicolas Sarkozy, atlantiste inféodé, ne peut pas « refouler » en lui le gaulliste qu'il ne fut jamais. Quant au référendum dont il serait question, il aurait notamment pour but de forcer les chômeurs à accepter n'importe quoi (soi-disant parce que ce serait la clé du problème) ; idée qui paraît surgie des années 1830. Comparons ça aux référendums de l'époque de Gaulle : deux pour l'indépendance de l'Algérie, un pour l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel, et un pour la régionalisation et la réforme du Sénat ; soit quatre idées d'innovation plus ou moins radicale. C'est la première différence... Et voici la seconde : Sarkozy cherche à dresser la droite contre la gauche (et il mise sur l'absence de Marine Le Pen au premier tour) ; de Gaulle voulait mobiliser les Français au delà des barrières partisanes1. Il n'y a vraiment aucun rapport entre ces deux personnages.

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1. Les trois premiers référendums gaulliens furent gagnés en transgressant effectivement les barrières partisanes. Le quatrième fut perdu parce que la gauche (appuyée par la droite dure) avait réussi à en faire un enjeu partisan.

 

Commentaires

LEUR UTILITARISME

> « Non à l'assistanat » ? faisons remarquer à Raphaëlle Garrigos que François Hollande est sur la même ligne que Sarkozy. N’a-t-il pas proposé d’éliminer physiquement les Français qui deviendraient un poids pour la société ? L’idéologie utilitariste a corrompu l’ensemble de la classe politique.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 11/02/2012

MALHEUREUSEMENT

> Malheureusement pour de Gaulle, il n'est jamais parvenu à dépasser les clivages partisans. Et aujourd'hui encore l'antigaullisme est bien vivant, en particulier à la droite de la droite.
Il ne suffit pas de rêver une France aussi unie dans les esprits qu'elle est indivisible sur le plan constitutionnel, pour qu'elle le soit dans la réalité.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 11/02/2012

ABSURDE LECANUET

> Sur le quatrième referendum du Général, j'ajouterais que les ex-démocrates chrétiens du MRP (dissous en 1967) rassemblés derrière Lecanuet ont massivement appelé à voter Non... Afin de renvoyer de Gaulle. Ce qui était une absurdité absolue, tant le projet de régionalisation et d'ouverture du Sénat aux corps intermédiaires économiques et sociaux était dans l'esprit de la doctrine sociale de l'Eglise et donc de la Démocratie chrétienne... En faisant ce choix, Lecanuet et cie ont enterré la Démocratie chrétienne française (moribonde depuis longtemps).
Pour plus d'infos : http://charlesvaugirard.wordpress.com/2012/02/10/le-parti-de-la-fidelite/
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Écrit par : Charles Vaugirard / | 11/02/2012

"SOLUTION" FINALE

> Je crains que notre société française qui a tant de mal à engager les réformes de structures de l'Etat Providence, pour faire face aux déficits qui ne peuvent plus durer, ne trouve dans l'euthanasie et le suicide assisté "la solution". Les hôpitaux, psychiatriques notamment, les maisons de retraite vont fournir les bataillons de "volontaires" pour baisser les charges sociales...
Qui a dit que François Hollande ne voulait pas lui aussi réduire les déficits des systèmes sociaux ? C'est lui faire un procès bien injuste: l'euthanasie et le suicide assisté sont sa solution; à court terme elle risque d'être très efficace.
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Écrit par : B.H. / | 11/02/2012

A Charles Vaugirard

> Intellectuellement, vous avez raison : voter contre une personne plutôt que répondre à la question référendaire est absurde. Mais de Gaulle avait un tempérament et une personnalité plébiscitaire, visionnaire, providentielle voire messianique : on l’admirait inconditionnellement ou on le détestait cordialement, on était pour lui ou contre lui. Il induisait donc lui-même cette logique personnelle. C’est d’abord lui qui porte la logique plébiscitaire dans son usage du référendum. S’il n’avait lui-même cette approche plébiscitaire, pourquoi aurait-il démissionné après la victoire du non ? A cela s’ajoutent les circonstances historiques : il prend le pouvoir en 1958 dans un contexte quasi-insurrectionnel, il exerce le pouvoir dans une atmosphère de guerre civile, ou du moins de très forte division de la France et des familles autour de l’affaire algérienne. La fracture avec la démocratie chrétienne, majoritairement favorable à l’Algérie française, est alors à son comble. En 1962, Bidault recrée le Conseil national de la résistance et rejoint l’OAS. En 1965, avec le soutien d’Isorni, Lecanuet fédère davantage de votes Algérie française que Tixier-Vignancour. En 1969, les tensions et les blessures sont encore vives, malgré les amnisties. Et puis il y a mai 68 : usure de 10 ans de pouvoir, de Gaulle fédère sur sa personne beaucoup de rejets, de gauche et de droite. Le résultat de 1969 est logique et de Gaulle sait, quand il lance le référendum, qu’il sera plébiscitaire : on sera, une fois encore, pour lui ou contre lui. Logiquement, il démissionne.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 12/02/2012

A B.H. :

> vous dites que la France n’arrive pas à engager la réforme de l’Etat-providence pour lutter contre les déficits. Mais si, avant d’engager ces réformes-là, c'est-à-dire de faire payer les petits, les obscurs, les classes moyennes, les petits employés, les ouvriers, les pères de famille à fins de mois difficiles qui veulent faire soigner les caries de leurs enfants, on s’interrogeait plutôt sur les manières de briser la financiarisation de l’économie, sur le basculement massif depuis trente ans de la rémunération du travail sur la rémunération du capital, sur les pratiques prédatrices des investisseurs temporaires, qui siphonnent les entreprises dont elles prennent le contrôle au risque d’en détruire toute chance de développement par absorption de tous leurs fonds propres, sur les ravages (chez nous comme chez les « émergents », car à l’heure où je parle le PIB par habitant en Chine est toujours d’une dizaine de rang inférieur à celui de la Jamaïque) de la mondialisation, sur les fusions des activités de dépôt et d’investissement dans les banques, sur ce que représente le déficit de la sécu, comparé à l’accroissement de l’endettement public qui fut nécessaire pour sauver les banques et relancer le crédit interbancaire en 2008 – et j’arrête, je pourrais continuer ainsi toute la nuit.
L’idée que les déficits sont dus à la protection sociale, et non aux modalités de répartition de la richesse nationale, et qu’après avoir payé en tant que citoyen (par la dégradation de leur situation de salarié) et en tant que contribuable (en renflouant le système bancaire), il faut que les Français (ou les autres, car nous ne sommes nullement une exception) paient une troisième fois en tant qu’assurés me paraît un truisme parfaitement inexact. On peut certes faire de l’acharnement thérapeutique sur l’économie mondialisée et financiarisée en extorquant les citoyens, mais ce sera un (méprisable) choix politique, pas une inéluctable nécessité économique.
Et cela ne servira d’ailleurs à rien, car avec les USA qui découvrent le chômage de longue durée de masse (c'est pour ça que leurs chiffres du chômage baissent : les chômeurs longue durée sortent des stats), avec la croissance en chute libre chez les BRICS (le Brésil était à 0% de croissance fin 2011 : moins bien que l'Europe), la panique sur les dettes souveraines européennes qui n'est un problème que parce que nos dirigeants n'ont pas le courage de lutter contre l’idéologie dominante et les illusions complètes sur la puissance économique de l'Allemagne (qui commence à paniquer et qui mène en Europe une politique de plus en plus… soyons aimable : personnelle, qui entraînera nécessairement des clash avec ses partenaires), je doute que cela continue très longtemps...
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Écrit par : christian / | 13/02/2012

à Guillaume de Prémare

> Il est certain que le général de Gaulle avait une conception personnalisée du pouvoir. Sa Ve République était une monarchie élective et lors de ses référendums il mettait sa responsabilité politique en jeu en même temps que son projet. Conception politique qui n’était pas partagée par un grand nombre des démocrates chrétiens qui avaient une vision collective du pouvoir. Ils étaient davantage attachés à une « démocratie de groupe » comme le dit l’historien Bruno Béthouard.
Néanmoins je diverge un peu avec vous sur votre commentaire. Pourquoi ?
D’abord la Démocratie chrétienne française a été extrêmement divisée sous la Vème République. La plupart étaient au MRP, dissous en 1967. Or Georges Bidault avait quitté le mouvement avant 1958, il a constitué le réseau « Démocratie chrétienne de France » qui était davantage une droite Algérie française. Certains MRP l’ont suivi mais la plupart ont été choqués par son évolution…au début des années 1960, le magazine du MRP « France Forum » avait publié un édito d’Etienne Borne, cerveau du mouvement, sur Bidault intitulé « Un homme à la mer »… Le MRP s’était désolidarisé de lui. De même, le MRP avait une posture très pragmatique sur l’Algérie.
Sur Lecanuet en 1965, en effet des pro-Algérie Française ont voté pour lui…Mais c’était pour faire barrage à de Gaulle. Dans son livre « Le Point » publié en 1969, Bidault n’hésite pas à dire qu’il aurait voté Lecanuet en 1965 (si bien sur il n’avait pas été en exil), cela alors que Lecanuet n’a jamais eu la ligne extrême de Bidault, ni même une ligne Algérie française. En ce temps là, le MRP (puis centre démocrate) avait un programme atlantiste et surtout européiste. De 1958 à 1962, le MRP a participé aux gouvernements gaullistes, et la démission des ministres MRP en 1962 était liée…à la politique Européenne et surtout au discours du Général comparant la construction européenne à un Volapük intégré…Pas sur l’Algérie. Enfin, après cette rupture de 1962, le MRP a glissé vers la gauche en tentant de constituer un « travaillisme à la française » avec la SFIO et notamment Gaston Defferre…ce qui fut un échec et poussa Lecanuet à constituer un Centre démocrate sans les socialistes.
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Écrit par : Charles Vaugirard / | 13/02/2012

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